Quatrième rapport en provenance de Saturne
Un opéra rock, vous dis-je !
Hello, dear readers !
Ciel, que vois-je ? Chose inespérée, une nouvelle critique sur Life on Saturne !
Une critique ? Certes. Mais c'est à la fois un coup de cœur ET un coup de gueule. Mais avant cela, avec quoi vais-je bien pouvoir vous embêter cette fois-ci ? Et bien, avec un spectacle musical. Non, je n'ai pas dit "comédie musicale" puisqu'il s'agit d'un opéra rock. Oui, j'y tiens, appelez ça du chipotage ou comme vous voudrez, mais c'est un fait, il y a une différence (Monsieur Dove Attia sera d'accord avec moi =D).
Parlons-en de Dove Attia, puisque c'est en partie de lui qu'il s'agit. Oui, dear readers, je suis ici pour vous parler de son dernier spectacle, en coproduction avec Albert Cohen, j'ai nommé Mozart, l'Opera Rock (j'y tiens ! =D).
Mais avant de commencer à parler du dit spectacle, je tiens à vous informer que je n'ai d'habitude aucune inclination particulière pour les comédies musicales à la française. VRAIMENT aucune, surtout sur le plan musical, justement... Ceci étant dit, vous savez maintenant que je ne suis pas une fervente défenseuse (ça se dit, ça ?) de ce genre de production. Mais voilà, j'ai découvert cet opera rock (j'y tiens toujours !), apparu au public en 2009, et je me dois désormais d'en faire la critique.
Comme je vous l'ai dit plus tôt, cet article est à la fois un coup de gueule ET un coup de cœur. Commençons par la partie coup de gueule, voulez-vous ? C'est quand même plus drôle...
Je vous le dis tout de suite... Je n'ai pas un tempérament agressif. De plus, tous les goûts sont dans la nature : on aime ou on aime pas, et je respecte ça. Cependant si vous faites partie de cette catégorie de personnes dont le seul jugement constructif se limite à quatre mots et basta ("c'est de la merde !!"), je vous en prie, pour notre bien à tous... Sortez ! Appuyez sur la petite croix rouge, en haut à droite de votre petit écran.
Non, parce que s'il y a bien une chose qui m'horripile et me donne des envies de meurtre, c'est bien les gens qui confondent leurs goûts ("j'aime" ou "j'aime pas") avec le jugement qu'on peut faire d'une œuvre ("c'est bien !" ou "c'est de la merde !").
Attention, il ne s'agit pas de remettre en question les goûts de chacun (manquerait plus que ça ! On est libre, non ? ^^). Mais je tiens à tordre le cou à toutes ces critiques totalement non-constructives.
Tout d'abord, je tiens à démonter les propos que l'on peut lire ou entendre le plus souvent dans le critiques "néfastes" (il y a ici nécessité de différencier les critiques néfastes des critiques négatives, sachant que toutes les critiques négatives ne sont pas forcément néfastes ;-D) : "Mozart l'Opéra Rock est une insulte à Mozart, à l'Opéra et au Rock". BIIIIP ! Mauvaise réponse. De deux choses l'une : détracteurs, renseignez-vous avant d'attaquer sans arguments valables ! En effet, à mes yeux (et pas seulement les miens, en fait), il est important de considérer l'ensemble "opéra rock". Séparer les deux termes serait une erreur (bien que l'on puisse toujours discuter sur le mot "rock") et une preuve flagrante du manque de renseignements dont disposent les détracteurs insupportables auxquels j'essaie vainement de faire entendre quelque chose depuis tout à l'heure... (sincèrement, vous croyez que les producteurs oseraient tenter d'innover l'opéra classique ?). Je ne m'étendrais pas sur la définition de l'opéra rock : Google et Wikipédia sont vos amis, ou si vous préférez, Dove se fera un plaisir de vous expliquer (traitez-moi de feignasse, c'est tout ce que je mérite ^^). Starmania était un opéra rock, si vous vous souvenez bien.
Ensuite, une insulte à Mozart ? Ah bon ? Tiens donc... Les œuvres classiques de ce compositeur génial (le Dies Irae et le Lacrymosa du Requiem, par exemple), que l'on a plaisir à écouter tout le long du spectacle n'ont pourtant pas été dénaturées du tout (qui oserait ?!). Une insulte à Mozart, vraiment ? En quoi relater de manière un peu romancée et en musique (classique et moderne) la vie extraordinaire du génie pourrait donc constituer une insulte ? Mozart se retournerait dans sa tombe ? Encore faudrait-il qu'il sorte de sa fosse commune pour s'en offrir une ! ;-)
Retenons ensuite une chose essentielle que l'on ne peut renier dans ce genre de production musicale, et qui est d'autant plus vraie lorsqu'il s'agit des spectacles de Dove Attia et Albert Cohen : Mozart l'Opera Rock est avant tout le fruit d'un énorme travail collectif, et que l'on peut observer sur tous les plans : lumières, décors, costumes, mise en scène, et musique (bah oui, ça aussi c'est du boulot), pour ne citer que cela. Bref, une super-production et un gigantesque boulot ! Rien que pour cela, on ne peut se permettre de prononcer des jugements aussi "catégoriques" que celui que j'ai cité plus tôt. On ne peut pas dire "ce spectacle, c'est de la merde !" lorsque l'on voit le soin et la travail apportés à cette production.
À cela, certaines personnes ne pourraient s'empêcher de me répondre "oui, y a peut-être beaucoup de travail, mais la quantité ne fait pas la qualité". Je répliquerais : "peut-être. Cependant, ça aide pas mal. Tout travail permet la naissance de bonnes choses". C'est le cas de Mozart. Ainsi, on retrouve beaucoup de qualités dans le spectacle (encore faudrait-il que certains voient ne serait-ce que des extraits du spectacle pour en juger...). Soyons objectifs : les costumes et les décors sont ma-gni-fiques ! La mise en scène, signée par Maestro Olivier Dahan - le réalisateur de La Môme a également réalisé le clip "Vivre à en Crever" - et les chorégraphies de Dan Stewart (ah nan, pas de Kamel Ouali cette fois ^^) sont, globalement, très soignées. Bon, on dénotera quand même quelques faiblesses de mise en scène : hélas, le tableau de "l'Assasymphonie" se révèle décevant, le pauvre Florent Mothe devant porter seul la scène sur ses épaules pendant les deux tiers de la chanson. L'arrivée des danseurs à la fin du morceau rattrape un peu le vide scénique. Cependant, dans la généralité du spectacle, rien à dire : c'est à la fois très professionnel et très frais, très "jeune".
Parlons maintenant de la musique du spectacle. Et bien, pour un spectacle musical, on s'en sort pas mal. Bien sûr, on peut y trouver des défauts, et puis chacun ses goûts ; on ne peut pas tous aimé la même musique. Mais les morceaux (qui ne constituent en aucun cas une "insulte au rock") sont bien trouvés, et ça nous change de la variétoche à laquelle nous avaient habitué les précédentes comédies musicales françaises. Les textes sont parfois même relativement subtils. Et là encore, je m'oppose à ceux qui prétendent que les paroles ne cassent pas trois pattes à une mouche : avez-vous donc essayé de traduire les chansons anglaises, que ce soit celles que l'on peut entendre sur les ondes actuellement ou bien celles des groupes d'anthologie comme les Beatles par exemple ? Ah bah oui, tout de suite, ça le fait moins ;-). Cet attachement qu'ont les Français pour la qualité des textes est compréhensible dans le sens où la culture de notre pays est essentiellement basée sur le goût littéraire. Ce qui expliquerait en partie pourquoi la comédie musicale est un genre beaucoup moins apprécié en France qu'en Angleterre ou aux États-Unis (nations où l'on juge plutôt la musicalité que les textes), parce que quelle que soit la langue, on atteint rarement le style de Charles Baudelaire ou celui de Victor Hugo, mais... Qu'importe !! Nous ne somme pas là pour avoir un cours de littérature ! Les chansons de ce spectacle, dont les paroles sont très loin d'être idiotes et niaises, sont efficaces et le résultat est là : on est transporté et on apprécie ce que l'on entend et ce que l'on voie. On saluera notamment "l'Assasymphonie" (ma préférée ^^), "Je Dors sur des Roses", "J'accuse mon Père", ou encore la très belle "Vivre à en Crever" (ma seconde préférée).
C'est sûr, voir l'affiche du spectacle où l'on croisait les mots "Mozart" et "rock" pouvait faire grimacer. Mais l'ensemble est très accrocheur, et l'histoire l'est tout autant. J'irais même jusqu'à dire que c'est un atout majeur du spectacle. Là où le scénario (hum...) du Roi Soleil n'était qu'un prétexte, celui de Mozart l'Opera Rock est beaucoup plus riche, et les personnages sont bien plus marquants que dans la dernière production de messires Attia et Cohen. On connait tous la musique de Mozart, mais qu'en est-il de sa vie ? Ce spectacle nous propose de retracer sa vie depuis ses 17 ans (âge où sa ville natale de Salzbourg se voit dotée d'un nouveau prince-archevêque en la personne de Colloredo) jusqu'à sa mort prématurée à l'âge de 35 ans. Tout y passe : ses gloires, ses échecs, ses amours, ses rivalités, sa déchéance. Bien sûr, le tout étant un peu romancé (c'est un divertissement après tout), mais au final on s'approche plus de la vérité historique avec cet opéra rock qu'avec le film "Amadeus" de Milos Forman : oui, Salieri était le rival de Mozart, mais non, il n'y a jamais eu de haine virulente au point que l'intéressé ait des envies de meurtre sur son génial collègue : rivaux fraternels certainement, mais pas ennemis acharnés (restituons l'image de ce pauvre compositeur italien trop longtemps oublié, ou bien seulement connu par les accusations d'empoisonnement dont il fut victime ! >o<) ! Pour relever un petit défaut biographique, je dirais que la seule vraie erreur notable est la profonde affection liant Constance Mozart à sa belle-sœur Nannerl (alors que la sœur de Mozart détestait sa femme et jalousait son frère).
Cet opera rock donne donc la part belle à la comédie (les chanteurs s'en sortent très bien), avec des passages à l'humour exquis. Saluons notamment le talentueux comédien Yamin Dib pour sa géniale interprétation du comte Rosenbeeeeeeeg xD (à ce propos, le duo Florent Mothe/Salieri et Yamin Dib/Rosenberg est détonnant !).
Parlons du casting pendant que j'y suis. Pour faire court, les chanteurs ont tous été retenus avec soin, chacun ayant une formation musicale bien avant l'opéra rock (hey ! On n'est pas à la Nouvelle Star, on veut des vrais musiciens, pas n'importe quel pignouf ! N'est-ce pas Mr. Dove ? ^^). Chacun disposant d'une identité vocale hautement prononcée (c'est sûr que pour certains, l'accent italien, ça aide ^^) ; ils sont très justes dans leurs interprétations. Bien sûr, on ne présente plus Mikelangelo Loconte - vive Mozart ! - et Florent Mothe - brillant et bluffant dans son interprétation magistrale d'Antonio Salieri ! - (mon chouchou, je l'avoue) mais Mélissa Mars (vous souvenez-vous du duo "1980" avec Pascal Obispo ?), Maeva Méline (que j'apprécie énormément pour sa magnifique voix angélique), Diane Diassigny (qui remplace Claire Perot aujourd'hui partie pour le cinéma), et Solal (Ziggy, dans la seconde édition de Starmania) sont tout aussi talentueux et dignes d'intérêt. Sans oublier Merwan Rim (déjà vu dans les Dix Commandements et le Roi Soleil) et Estelle Micheau, la cantatrice lyrique (et vi ! Y en a une ! Et c'est un régal pour les oreilles).
C'est un réel plaisir de les voir évoluer sur les très beaux tableaux de ce spectacle. Parmi ceux-ci, on gardera en mémoire ceux de "Bim Bam Boum" (hypnotisant), "Six Pieds Sous Terre" (un VRAI crêpage de chignons !), "Je Dors sur des Roses" (poignant), "Le Bien qui fait Mal" (déroutant), "Les Solos sous les Draps" (coloré !) ou encore le magnifique et émotionnel "Vivre à en Crever" (qui ne manquera pas d'en émouvoir certains).
Au final, que peut-on dire ? Un spectacle bien fait, entrainant, novateur. Un bon divertissement, et au final, c'est tout ce qui compte ! Pari gagné ! D'ailleurs, j'y retourne en 2011 ! (rappelons que la troupe revient au Palais des Sports de Paris en novembre prochain ;D). Jusque là, si l'Assasymphonie ne vous gagne pas, pourquoi ne pas vous plonger dans l'écoute du Requiem, marcher à la Turque, ou bien jouer un air de flûte enchantée ? ;-)